On pourrait appeler ça la déclaration d’indépendance de Goldie Boutilier.
Armée de sa nouvelle chanson The Actress – et faisant preuve d’un charisme et d’un aplomb incroyables dans le clip qui l’accompagne – la Capbretonnaise reprend le contrôle de sa vie et se déclare métaphoriquement « la Réalisatrice ».
« C’est en plein ça que je dis », confirme-t-elle. « J’ai écrit la chanson The Actress parce que c’est là que je suis rendue. J’ai l’impression que beaucoup de la musique que j’ai écrite jusqu’à maintenant était comme un appel à l’aide, mais là je prends mon pouvoir en main et j’ai l’impression d’avoir vaincu mes démons. Je suis beaucoup plus confiante qu’avant. »
Même si on peut penser qu’elle est une nouvelle venue dans le monde de la musique, Boutilier est là depuis un bon moment, en 2011, pour être précis, alors qu’elle a commencé à se faire connaître sous le pseudonyme de My Name Is Kay, un projet plus dance. Et comme on peut le découvrir dans le documentaire autobiographique de neuf minutes intitulé Emerald Year, Boutilier n’a pas toujours eu la vie facile. Elle s’est installée à Los Angeles à l’âge de 20 ans et a signé avec Interscope Records, décrochant un contrat de développement avec l’auteur-compositeur et producteur vedette de OneRepublic Ryan Tedder qui a travaillé avec Taylor Swift, Beyoncé, U2, Paul McCartney, Ed Sheeran, Adele, et bien d’autres encore.
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Mais, comme c’est souvent le cas avec les nouvelles recrues – plus souvent qu’on le pense – Boutilier a fini par tourner en rond sur le plan créatif, sans aucune direction significative. « J’étais probablement juste un grain de sable sur la plage de Ryan Tedder », dit-elle. « Il était comme une plage pour moi, tu sais, quelque chose d’immense. Quand les choses ont commencé à ne pas tourner rond avec Interscope – c’était mon premier contrat de disque majeur et j’avais juste 21 ans –, la maison de disques essayait vraiment de le convaincre de me prendre sous son aile, et je crois qu’il a vraiment essayé. »
« Mais, comme tout le monde, quand les choses ne coulent pas facilement, les gens arrêtent de te rappeler et de répondre à tes courriels. On m’a envoyée à gauche et à droite et quand tu demandes conseil à tout le monde, tu vas en recevoir. Sauf que ça m’a éparpillée dans un million de directions différentes. »
Cette incertitude professionnelle a passablement assombri le son parcours. Elle a même été escorte pendant un certain temps pour arriver à joindre les deux bouts, ce qui l’a menée à tomber dans l’abus d’alcool et de drogues. Alors, comment est-elle parvenue à reprendre le contrôle de sa vie? « J’aimerais pouvoir dire que j’ai eu une épiphanie et que je me suis prise en main », raconte-t-elle. « Mais dire que j’ai frappé le fond du baril à plusieurs reprises est plus près de la vérité. J’ai jeté un regard sur ma vie pour prendre conscience de ce que je faisais qui nuisait à mon succès. »
« Je suis retournée dans ma famille au Cap-Breton. J’avais besoin de temps pour guérir et vivre avec le strict minimum. J’étais incroyablement fragile. J’étais vraiment au fond du baril et je n’allais pas bien. Petit à petit, j’ai éliminé ces choses de ma vie et j’ai commencé à me sentir plus en santé, et juste comme ça, j’ai commencé à prendre de meilleures décisions et à m’entourer de meilleures personnes. Y a vraiment fallu que je reparte du zéro absolu. C’est quand j’ai sorti le documentaire que j’ai vraiment complètement tourné la page sur ce style de vie. »
C’est pourquoi l’aide qu’elle a reçue du responsable des relations créatives de la SOCAN Liam Russell pour enregistrer « The Actress » – qui est aussi le titre de son nouveau EP de six chansons qui sortira le 27 septembre 2024 – a été comme une bouffée d’air frais pour elle. « Liam est la première personne que j’ai contactée quand j’ai réalisé que je n’avais pas de producteur », raconte l’artiste. « J’étais paniquée. »
« J’avais besoin de temps pour guérir… J’étais incroyablement fragile »
« Il m’a proposé plein de noms et on contactait tout ce monde-là. Mais je suis une artiste indépendante qui est encore en pleine évolution. Ce n’est pas tout le monde qui est intéressé à travailler avec des artistes indépendants simplement parce que le gain financier sera plus petit. Bref, trouver quelqu’un à la dernière minute qui a envie de s’investir dans un projet, c’est ça que Laim m’a aidé à faire. »
Russell a également organisé un séjour à la Maison SOCAN de Nashville pour stimuler la créativité de la jeune artiste. « La SOCAN en a fait plus pour moi que la plupart des grandes maisons de disques », dit-elle. Une autre responsable des relations créatives de la SOCAN, Racquel Villagante, l’a mise en contact avec l’autrice-compositrice professionnelle Simon Wilcox qui a coécrit avec ou pour Carly Rae Jepsen, Demi Lovato, Lennon Stella, Selena Gomez, Nick Jonas, Josh Groban, Enrique Iglesias, et bien d’autres. Wilcox a invité son collègue auteur-compositeur professionnel et collaborateur fréquent Thomas « Tawgs » Salter à se joindre l’aventure.
« Honnêtement, je n’aime pas travailler avec de nouveaux collaborateurs », avoue l’artiste. « Mais la SOCAN venait de me présenter Simon. On est allées prendre un matcha latté, c’est typiquement L.A., et elle était tellement intelligente et pleine d’esprit. Si j’ose le dire ainsi, elle me ressemble beaucoup », lance-t-elle en riant.
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« Je l’ai rappelé juste à cause de ça et elle m’a dit qu’elle avait le collègue idéal pour travailler avec nous, de gars qui s’appelle Tawgs. On a jasé un peu de l’industrie de la musique et de nos expériences de vie et elle savait que j’étais sensible aux gens avec qui je travaille. J’en ai vu d’autres et je fais très attention avec qui je travaille pour me protéger et protéger mon énergie. Heureusement, on s’est tous bien entendus et on a écrit et produit le EP en deux semaines. Mon dernier EP m’avait pris un an. »
Plus tôt cette année, elle est partie en tournée avec Orville Peck et elle a également joué à Lollapalooza et à la célèbre émission Austin City Limits. C’étaient toutes des premières, mais pas pour la raison que vous croyez. « J’avais une liste de buts et de gens avec qui je veux travailler, des émissions où j’aimerais être invitée, et j’ai maintenant, pour la première fois de ma vie, des “bookers” », se réjouit-elle. « Ils m’ont demandé avec qui j’avais envie de travailler et je leur ai expliqué que pour moi, Orville Peck était un choix sensé. Ils m’ont aidé à réaliser ce projet. J’en suis vraiment reconnaissante. C’est la première fois que je réunis mon propre groupe de musique. Je n’avais jamais eu cette chance avant. Il était grand temps. »
Goldie Boutilierespère devenir une source d’inspiration pour d’autres artistes avec « The Actress » et son travail à venir. « J’espère que mon histoire et le fait de retrouver ma confiance en moi, mon pouvoir et ma gentillesse pourront servir d’averissement ou de modèle à quelqu’un qui vit quelque chose de similaire », dit-elle.
« Tu peux t’en sortir et vivre une vie bien remplie et couronnée du succès et tu peux guérir et t’entourer d’une communauté positive, il ne faut pas lâcher. »