Le Mardi 6 novembre dernier, se tenait au bar L’Esco à Montréal, la table ronde intitulée « Quand le Québec fait pop au féminin, coprésentée par la SOCAN et le festival Coup de cœur francophone, avec comme invitées, les membres SOCAN Caracol et Laurence Nerbonne, ainsi que Alixe HD d’Audiogram, Carmel Scurti-Belley, responsable création et licences chez Dare To Care Records et Judith Cossette, gérance chez Dare to Care Records. Le tout était animé par Geneviève Côté, chef des affaires du Québec de la SOCAN.
Le but de cette table ronde était de tenter de saisir et commenter les grands enjeux de la pop au féminin dans le contexte québécois, qui, tant sur le plan de la diffusion que de l’industrie, peine à atteindre un niveau de représentativité féminine se rapprochant de la parité.
Une discussion enrichissante malgré des statistiques pour le moins révélatrices exposées par Geneviève Côté quant au faible nombre de chansons féminines sur les palmarès radio, mais aussi sur la quasi-absence, sauf exception, de réalisatrices d’album, entre autres. Pour Caracol, qui a d’ailleurs offert une courte prestation en guise de conclusion à cet échange, « c’est aussi une question de confiance, on a de la misère à prendre le crédit pour ce qu’on accomplit, on a toujours besoin de l’approbation d’autres personnes, souvent des hommes, pour s’assumer. On a besoin de plus de modèles féminins qui prennent leur destinée créative en main. Je pense à Foxtrott qui fait tout elle-même et collabore aussi avec d’autres, ça en prend plus des comme elle. »
Laurence Nerbonne abondait dans le même sens pour ce qui est de la confiance en ses moyens : « Il faut prendre les moyens de s’affirmer aussi en tant que réalisatrice de nos albums et, pourquoi pas, de ceux des autres. Mais à la radio, tu te bats contre des Rihanna qui sont entourées d’une armée de collaborateurs. Faire ça seule, c’est pas simple. Y a de la job à faire en tant que femme pour devenir qualifiées en tant que réalisatrice de musique pop. Mais j’ai toujours dit que les choses vont commencer à changer lorsqu’une fille va réaliser un album de gars ».
De son côté, concernant la diffusion radiophonique, Alixe HD a affirmé que « certains directeurs musicaux pensent que leur auditoire de 35 ans n’est pas très porté sur les voix féminines et hésitent même à programmer deux chansons de femmes l’une à la suite de l’autre… »
La question de la pertinence d’un possible quota de création musicale féminine a aussi été abordée. Sans aller jusqu’à exiger ce type de quota, Judith Cossette s’est désolée qu’il n’y avait aucune fille musicienne dans le house band du Gala de l’ADISQ. « Il me semble que ce serait bien de faire l’effort d’en inviter davantage pour une vitrine comme celle-là », a-t-elle affirmé sous les applaudissements approbateurs du public majoritairement féminin présent.
Sur le plan créatif, Carmel Scurti-Belley a souligné l’importance des camps d’écriture comme Kenekt Québec de la SOCAN, « qui a permis à des artistes comme Stéphanie Boulay ou Ariane Brunet d’essayer des formats pop différents ».
Enfin, pour Caracol, « y a une amorce de changement sur les ondes des radios commerciales au niveau de la pop québécoise, mais si on regarde ailleurs dans le monde, l’offre musicale est plus diversifiée que ce que l’on entend ici qui a encore une forte tendance vers le folk »
Bref, de belles pistes de réflexion qui alimenteront, espérons-le, les discussions de fin de soirée de Coup de cœur francophone, et même au-delà.